Un deuxième Calumet, en buis
J'aurais pu me contenter de la fabrication, en 2019, du Bézékitu (cf. en bas de page). La découverte en automne 2023 d'une branche de buis aux multiples replis, m'a
aussitôt donné l'envie de faire beaucoup mieux. Mais la tâche allait être rude, car il n'allait pas être facile de débiter en deux parties la branche, une fois débarrassée des petites
branches et des et excroissances : l'opération est nécessaire pour créer une gorge sur les deux moitiés et, une fois le tout recollé, on ne voit presque pas comment ce morceau de bois a pu être
percé pour laisser passer l'air ! Je regrette de ne pas avoir commencé par une photo de la branche brute afin de donner une idée de l'importance du travail à réaliser.
- En fait, au début, les choses ne se sont passées comme je l'avais souhaité : je voulais scier la branche en commençant par la partie la plus coudée pour procéder
comme je l'avais fait pour le "Bézékitu" : l'aspiration de l'air se ferait par la tête pour offrir ainsi un "Bézékitu junior" à mes amis : cette opération à la scie à ruban était périlleuse et
très dangereuse, car le bois ne pouvait pas appuyer régulièrement sur la table de la scie et comme il fallait aussi souvent pencher la pièce, la lame risquait à tout moment de créer un à-coup
violent, voire de se briser : la messe a été dite quand je me suis rendu compte qu'au bout de 15 centimètres de sciage, je ne pouvais plus continuer : l'arrière de la branche, qu'il fallait lever
au maximum pour avoir un appui stable ne passait plus sous le volant supérieur de la scie, même avec le guide-lame remonté au maximum. J'ai abandonné et coupé latéralement une des deux parties à
l'endroit où j'avais arrêté le sciage. Après recollage et masquage de cette erreur, j'ai changé de méthode : la deuxième moitié de la branche est beaucoup moins coudée et, en l'attaquant par
cette partie, j'ai pu procéder au sciage légèrement au-delà du premier coude très serré où je pouvais ensuite placer la "pipe" du calumet : évidemment, l'aspiration se faisant par la queue, il
n'était plus question de "Bézékitu junior" ! j'ai scié de travers un des deux côtés et j'ai pu ainsi creuser à la gouge deux saignées pour le passage de l'air, pour à nouveau recoller les deux
parties.
- Je pouvais alors, à la râpe et au ciseau à bois, écorcer la branche, harmoniser tant bien que mal la forme, réduire les endroits où des branches avaient été
éliminées, et poncer, poncer, poncer...
- Ensuite, il m'a fallu trouver dans mon chutier un morceau de buis beaucoup plus gros pour la tête à 'greffer' au bout de la branche : pour une bonne tenue de
celle-ci (elle devait résister aux coups de râpes et de ciseaux à bois et aux sciages divers) j'ai percé chacun des bouts et enfoncé/collé un gougeon de 10 mm de diamètre, avant le collage final
et la mise sous presse : il ne devait pas y avoir de jours entre les bords : l'ajustage a donc pris du temps. Encore un très long travail à la scie, puis à la râpe, etc., pour donner la forme
souhaitée pour cette tête que j'aurais aimé rendre encore plus terrifiante, si le volume de la pièce m'avait permis de lui imposer une gueule encore plus ouverte !
- Pour les crochets de la gueule, j'ai utilisé et collé deux petites pièces en corne de cerf. La langue bifide est en acier : les deux parties en fourche sont
brasées.
- La cuvette de la pipe : cette fois-ci, j'ai tourné la pièce dans le même bois et, après collage, j'ai protégé l'intérieur lors des phases de vernissage, car je
voulais ignifuger cette partie en l'imprégnant, avec un coton-tige, de silicate de soude.
- Après de longs ponçages de plus en plus fins et une légère couche de vernis en bombe (elle évite la diffusion dans le bois de l'encre de mon marqueur indélébile),
j'ai pu commencer la décoration (elle m'a pris deux jours !). Je ne suis pas parti d'un modèle : j'ai suivi au fur et à mesure mon inspiration, validée par un premier trait au crayon. J'ai changé
tout de même de méthode de dessin par rapport au "Bézékitu", même si certains motifs restent proches : pour donner plus d'effets de volume, de dégradés, j'ai utilisé la technique du tatouage, en
faisant des remplissages avec des pointillés. En de hors de la tête, je n'ai pas fait de différence entre le dos, les côtés du serpent, et le ventre, car les ondulations importantes du corps
auraient rendu ce choix plus difficile et le rendu certainement moins joli. Mes motifs sont également plus serrés, plus denses : on croirait voir un serpent tatoué comme un guerrier ou un
rugbyman maori !
Le 28/07/2024